Dénutrition de l’adulte (<70 ans)
Lors de l’évaluation de l’état nutritionnel
Questionner le patient afin de diagnostiquer la dénutrition puis évaluer sa sévérité, par exemple avec les questions suivantes:
Faire re-préciser les éléments suivants qui figurent dans le questionnaire :
Avez-vous perdu du poids sur la dernière semaine? Et sur le dernier mois? Quel poids et quelle taille faites vous actuellement?
Avez-vous des difficultés à vous alimenter ? Avez-vous réduit vos portions alimentaires dernièrement? Si oui, de combien?
Identifiez vous des facteurs qui diminuent votre appétit ou vos empêchent de vous alimenter correctement? (symptômes associés ?)
Vous interdisez vous certains aliments?
Diagnostic de la dénutrition
Critères phénotypiques (1 seul suffit) ****:
Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois ou ≥ 10 % en 6 mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie.
IMC < 18,5 kg/m2
Réduction quantifiée de la masse musculaire et/ou de la fonction musculaire
Critères étiologiques (1 seul suffit) ****:
Réduction de la prise alimentaire ≥ 50 % pendant plus d’1 semaine, ou toute réduction des apports pendant plus de 2 semaines, par rapport à la consommation alimentaire habituelle quantifiée ou aux besoins protéino-énergétiques estimés.
Absorption réduite (maldigestion/malabsorption).
Situation d’agression (hypercatabolisme protéique avec ou sans syndrome inflammatoire) : pathologie aiguë ou pathologie chronique évolutive ou pathologie maligne évolutive.
Sévérité de la dénutrition
Dénutrition modérée (1 seul critère suffit):
17 < IMC < 18,5 kg/m2
Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois ou ≥ 10 % en 6 mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie.
Albuminémie* > 30 g/L et < 35 g/L.
Dénutrition sévère (1 seul critère suffit):
IMC ≤ 17 kg/m2
Perte de poids ≥ 10 % en 1 mois ou ≥ 15 % en 6 mois ou ≥ 15 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie.
Albuminémie* ≤ 30 g/L.
Un parcours de soin adapté
Voici les recommandations de prise en charge
Patient non dénutri :
Réévaluation à chaque consultation.
Prise en charge des facteurs favorisant: dysgueusie, hyposialie, troubles dentaire, troubles de la déglutition, dépression, difficultés motrices, douleur, troubles digestifs, isolement social, difficultés financières, habitudes alimentaires restrictives etc.
Anticipation des situations à risque: chirurgie lourde, initiation d’un traitement oncologique systémique etc.
Proposer un suivi diététique.
Si diminution des ingestats < 2/3 des besoins: initiation d’une alimentation enrichie ainsi que de compléments nutritionnels oraux. Initiation d’un suivi diététique.
Dénutrition modérée : mêmes conseils qu’en absence de dénutrition, suivi diététique, plus:
Si ingestats > 2/3 des besoins:
alimentation enrichie
initiation de compléments nutritionnels oraux
Si ingestats < 2/3 des besoins:
Nutrition entérale si tube digestif fonctionnel
Nutrition parentérale si tube digestif non fonctionnel
Dénutrition sévère : mêmes conseils qu’en absence de dénutrition, suivi diététique, plus:
Nutrition entérale si tube digestif fonctionnel
Nutrition parentérale si tube digestif non fonctionnel
Pour rappel, les besoins sont:
Besoins protéino-énergétiques totaux: environ 25 à 30 kcal/kg par jour en périopératoire et 30 à 35 kcal/kg par jour en oncologie médicale.
Besoins en protéines: 1,2 à 1,5 g/kg de protéines par jour
Des points de vigilance (optionnel)
Certains effets secondaires concomitants ou certains traitements doivent alerter et entraîner une prise en charge de plus haut niveau. Dans le cas présent :
Chez le sujet de plus de 70 ans: prise en charge particulière (cf arbre décisionnel dédié)
A l’initiation d’une nutrition artificielle: surveillance et prévention du syndrome de renutrition inapproprié.
En cas de doute, il est recommandé de s’adresser au médecin référent.